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Charles Boris Loule

2 mars 2012

«Les trois ennemis de l’intelligence économique sont la corruption, la contrefaçon et la fuite des capitaux»

«Les trois ennemis de l’intelligence économique sont la corruption, la contrefaçon et la fuite des capitaux»

 L'un des plus redoutable ennemis de l'intelligence économique: "La corruption"

En Afrique, la recherche, le traitement et la sécurisation d’informations à des fins de compétitivité économique ne marchent pas à l’occidentale. Dans un contexte où l’Etat est souvent le principal acteur d’une économie informelle à plus de 50%, les trois ennemis de l’intelligence économique sont la corruption, la contrefaçon et la fuite des capitaux.

La corruption
«Si Judas vivait, il serait ministre d’État» en Afrique pourrait-on dire avec Barbey d’Aurevilly. Les conclusions du rapport de Transparency présenté le 22 novembre 2011 à la presse africaine sont assez éloquentes sur le sujet. Parmi les 6000 entretiens individuels conduits dans six Etats : Afrique du Sud, Malawi, Mozambique, RDC, Zambie et Zimbabwe, 62% des personnes interrogées considèrent que la corruption s’est aggravée au cours des trois dernières années. 56% d’interviewés ont dû payer des bakchichs dans les 12 derniers mois, dont 68% de Mozambicains et 42% de Zambiens. Les analystes de Transparency notent que dans l’ensemble des pays étudiés, le corps judiciaire, les partis politiques, les parlements et le système éducatif ont assez mauvaise réputation. Ici, la corruption est aux entreprises ce que le monde de la finance est à François Hollande : un adversaire sans visage.

Comment ça marche? – Dans une précédente publication nous avons identifié cinq techniques de corruption parmi celles qui ont le plus d’impact sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises en Afrique: les «pourboires», les «cadeaux», les «pourcentages», les «aides» et le «consulting off shore». Celle contre laquelle l’intelligence économique va en guerre avec le plus d’efficacité est la technique du «consulting». Très utilisée au cours des 10 dernières années, cette technique de corruption agit sur l’entourage d’une Personnalité Politiquement Exposée. Pour brouiller les pistes, le proche collaborateur d’un décideur est recruté comme consultant par un cabinet basé dans un paradis fiscal. Ici, les cinq destinations préférées des Africains sont : le Luxembourg, Chypre, Malte, Hong Kong et Singapour. En échange d’informations confidentielles, le «consultant» est rémunéré dans une banque située, elle aussi, dans un paradis fiscal. Au cours d’un voyage à l’étranger, le collaborateur du décideur peut alors entrer en possession des fonds. 

Quel impact sur la compétitivité?- En Afrique, la formule de Robert Klitgaard (Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence) fonctionne comme un théorème. Entre la grande corruption (de haut niveau où les décideurs politiques chargés d’appliquer les lois utilisent leur position officielle pour promouvoir leurs intérêts personnels) et la petite corruption (à forte connotation bureaucratique dans l’administration publique), l’impact est extrêmement difficile à chiffrer. Lorsqu’on additionne la falsification de données, les versements de pots de vin à des responsables officiels pour les encourager à agir de manière rapide et favorable, l’argent obtenu par la contrainte, la distraction des fonds publics par des fonctionnaires et le poids du favoritisme, la somme est faramineuse. Ce d’autant plus qu’elle emprunte plus ou moins les mêmes canaux que la fuite des capitaux que nous évoquerons plus loin.

La réponse de l’intelligence économique- La lutte contre la corruption est un combat mondial qui mobilise la plupart des appareils étatiques. En Afrique, la contribution de l’intelligence économique est surtout décisive pour les grandes entreprises qui craignent de perdre des contrats et de se mettre à dos des autorités corrompues en refusant d’en être les corrupteurs. Ce travail exceptionnel s’appuie sur les informations confidentielles fournies par des «honorables correspondants» occupant des postes clés au sein des administrations. A l’instar de Knowdys, des agences ayant un code d’éthique ne mobilisent aucun moyen illégal pour remplir pareille mission. Un consultant en intelligence économique agissant au profit d’une entreprise privée évitera donc les intrusions dans la vie privée, les écoutes indiscrètes ou le piratage informatique pour collecter le renseignement utile au client. Dans des pays comme le Cameroun, le Ghana, le Kenya et le Nigeria où d’importants procès pour corruption sont en cours d’instruction, les avocats d’entreprises lésées et le ministère public ont besoin de conseils en intelligence économique pour cartographier les différents acteurs de l’échiquier concerné en se basant sur des preuves recevables devant la justice.

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